Talocheuses-lisseuses de béton : attention au monoxyde de carbone!

Afi n d’éviter que le personnel et autres personnes présentes sur les lieux de travail soient exposés inutilement à des substances dangereuses, les constructeurs doivent, autant que possible, réduire à la source les émissions provenant de leurs matériels. Dans le cas des talocheuses-lisseuses, cette exigence n’est pas toujours suffi samment respectée. Il arrive donc souvent qu’elles dégagent une quantité importante de gaz nocifs. Il est urgent d’améliorer ce point de la norme EN 12649:2008, qui s’applique à ces engins.

Sur les chantiers de construction d’immeubles ou de bâtiments industriels, les poseurs de chape travaillent avec des talocheuses-lisseuses, souvent du début jusqu’à la fi n de leurs heures de travail. Des intoxications au monoxyde de carbone (CO) survenues dans le cadre de ces activités ont incité les préventeurs allemands à se pencher sur les causes de ces accidents.

Des mesures effectuées par la BG Bâtiment et par l’Offi ce régional de protection des consommateurs de Dessau ont mis en évidence que, lors de l’utilisation dans des pièces closes de talocheuses-lisseuses à moteur à essence non équipées d’un pot catalytique, la concentration de CO pouvait être de plusieurs fois supérieure aux valeurs limites d’exposition professionnelle, et que ces valeurs pouvaient d’ailleurs être dépassées même lorsque les travaux se déroulent en extérieurs.

Sur les chantiers, on voit souvent utilisés côte à côte les deux types de talocheuses-lisseuses : avec et sans pot catalytique. Lors de mesures des concentrations de CO auxquelles sont exposés les opérateurs de machines équipées d’un pot catalytique, ou d’autres engins à faible niveau d’émissions, il a été constaté que les énormes émissions de CO provenant des talocheuses sans pot catalytique pouvaient avoir un impact sur l’ensemble de l’espace de travail, mettant donc tout autant en danger les opérateurs des talocheuses équipées d’un pot catalytique. On peut donc partir du principe que la valeur limite de 35 mg/m³ pour les postes de travail, fi xée dans la TRGS 900 (Règle Technique pour les Substances Dangereuses), est fréquemment dépassée, quels que soient le nombre de talocheuses-lisseuses à essence utilisées et les dimensions de la pièce ou du hangar. Ceci est même vrai pour les très grands hangars (de la taille par exemple de plusieurs terrains de football) ouverts sur les côtés. Lors des mesurages effectués, la valeur limite d’exposition professionnelle et la valeur limite à court terme ont été nettement dépassées.

Les exigences de la norme sont insuffi santes

Bien qu’elle traite du risque encouru en respirant les gaz nocifs émis par des moteurs à combustion, la toute nouvelle norme EN 12649:2008¹ se contente d’exiger, à propos des talocheuses- lisseuses, que ces gaz soient évacués dans le sens opposé au visage de l’opérateur. Lorsqu’elles sont utilisées dans un local clos, ces machines doivent en outre être connectées à un système d’évacuation des gaz d’échappement. En vertu de la norme, il suffi t donc que les talocheuses- lisseuses à essence commercialisées aujourd’hui portent un avertissement précisant qu’elles ne doivent pas être utilisées à l’intérieur d’une pièce, et que l’exploitant doit veiller à ce que les gaz d’échappement soient évacués. Or, ce type d’engins étant principalement destiné à être utilisé en intérieurs, et l’évacuation des gaz d’échappement par le biais de tuyaux s’avérant généralement diffi cile à réaliser, une mauvaise utilisation de ces machines est non seulement prévisible, mais effectivement observée sur les chantiers, entraînant les conséquences décrites ci-dessus.

Les exigences de la norme ne correspondent pas au niveau de protection exigé par la directive Machines. Depuis un certain temps déjà, on trouve sur le marché des talocheuses-lisseuses à essence équipées d’un pot catalytique, ou des machines fonctionnant au gaz, dont les émissions de CO sont beaucoup moins élevées.

Ceci a incité la KAN à demander au gouvernement allemand de présenter à la Commission européenne une objection formelle à l’encontre de la norme. Cette objection a été entre-temps approuvée par le Comité Machines de la Commission européenne, compétent dans ce domaine, de sorte que la présomption de conformité de la norme EN 12649 pour ce risque particulier sera désormais restreinte. Un avertissement publié au Journal offi ciel de l’UE à propos de cette norme signalera à tous les acteurs concernés que, sur les nouvelles talocheuses- lisseuses mises sur le marché, le problème de l’émission de CO doit être mieux résolu que ce qu’exige actuellement la norme.

La Commission européenne devrait par ailleurs mandater le CEN de soumettre un amendement adéquat de la norme. Cette décision n’a toutefois aucun impact direct sur les machines déjà mises sur le marché, pour lesquelles toute mesure ne pourra être prise qu‘en vertu de la réglementation concernant la santé et sécurité des travailleurs au travail.

Corado Mattiuzzo mattiuzzo@kan.de