Arcs électriques : attention, danger !

Depuis juin 2009¹, un groupe de travail de la KAN regroupant des représentants des organismes d'assurance-accidents, des Länder, des organismes d'essai, du monde de la recherche et de l'industrie examine intensément la question de la protection contre les effets causés par les arcs électriques. Alors qu'elle devait, au départ, porter sur les paramètres des essais de type pour les vêtements de protection contre les dangers thermiques d'un arc électrique, la discussion a finalement dépassé le cadre de cette mission initiale.

Une erreur de manoeuvre effectuée sur des éléments sous tension ou à proximité de ces éléments, la foudre, ou des corps étrangers dans des installations électriques peuvent provoquer des arcs électriques. Ceux-ci dégagent d'énormes quantités d'énergie capables de détruire l'installation et de blesser grièvement, voire de tuer les personnes qui se trouvent à proximité.

Une protection à différents niveaux
Les arcs électriques sont souvent imputables à une maintenance qui n'a pas été effectuée correctement, et parfois aussi au fait que des équipements supplémentaires sont ajoutés arbitrairement à des installations. C'est pourquoi les mesures organisationnelles s'avèrent très efficaces auprès des utilisateurs pour améliorer la situation.

Il serait toutefois préférable que la diminution des risques ne résulte pas seulement de mesures prises au niveau de l'organisation et du personnel, mais aussi et surtout d'une protection à la source grâce à des mesures techniques effectuées sur les installations (p.ex. compartimentage, isolation ou système de protection contre l'arc électrique). Or, la tendance à réduire de plus en plus la taille des installations, notamment de celles fonctionnant à basse tension, a peut-être encore accru le risque d'arc électriques. C'est pourquoi il serait bon que les entreprises fassent encore davantage usage des possibilités d'évaluation des risques pour mettre mieux en évidence ces relations de cause à effet, et incitent leurs acheteurs à opter pour des installations résistant aux arcs électriques.

Les organismes allemands d'assurance accidents prévoient de publier prochainement une brochure d'information² basée sur les avancées les plus récentes de la technique, qui contiendra des recommandations pour le choix d'EPI contre les risques thermiques en cas d'arc électrique. Le but de cette publication est d'apporter une aide lors de l'évaluation des risques et de permettre, entre autres, de déduire, à partir des caractéristiques de l'installation et des émissions susceptibles de se produire, à quelles immissions l'individu sera exposé.

Autres résultats du groupe de travail de la KAN

• Un arc électrique s'accompagne de rayonnements ultraviolets, infrarouges et visibles de forte intensité, qui peuvent provoquer des dommages irréversibles sur la peau et les yeux. Or, les visières anti arc électrique évoquées dans la norme EN 166³ ne protègent pas suffisamment contre la lumière visible et infrarouge. Compléter dans cette norme les exigences relatives à ce domaine constitue un énorme défi.
• Un accident dû à un arc électrique peut s'accompagner de niveaux de pression acoustique de crête pouvant atteindre 150 dB(C). Dans un tel cas, seul un serre-tête ultra-efficace peut offrir un minimum de protection. Pour l'employeur, cette situation s'avère problématique : il est peu probable, d'une part, que les salariés acceptent de s'équiper de protections acoustiques ultra-efficaces pour la rare éventualité d'un arc électrique, et de l'autre, on devra se demander si le fait que la capacité à communiquer se trouve entravée par le port de serre-tête ne présente pas d'autres risques.
• La fonte et l'évaporation de matériaux produit des gaz et particules toxiques dans l'environnement de l'arc électrique. Le groupe de travail de la KAN a néanmoins décidé de ne pas s'attacher en priorité à ce risque, car l'état actuel des connaissances laisse penser que la portée des autres phénomènes dangereux (chaleur, pression, bruit ou rayonnement) est beaucoup plus grave.

Les constatations faites au sein du groupe de travail de la KAN mettent en évidence le fait que la prévention des risques dus aux arcs électriques doit être encore améliorée.

Blocage de la part du CENELEC
Au niveau européen, on ne dispose jusqu'à présent que de procédures normalisées pour l'essai des matériaux mis en oeuvre contre les risques thermiques. Du point de vue de la prévention, il est urgent de publier également une norme harmonisée qui servirait de base aux essais concernant les vêtements de protection. Or, depuis plus de deux ans, la révision nécessaire du projet de norme prEN 61482-2⁴ piétine. La KAN demande instamment au secrétariat et à la direction du CLC/TC 78 de remanier le document et de l'adopter. Ceci ne pourra toutefois aboutir que si les organismes de prévention des autres pays européens demandent, eux aussi, à leurs délégations nationales de s'investir dans ce sens.

Corado Mattiuzzo
mattiuzzo@kan.de