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Human Centric Lighting – L’éclairage aujourd’hui, demain, après-demain

La lumière ne sert pas seulement à y voir clair. De nouveaux systèmes d’éclairage mettent à profit aussi des effets non visuels pouvant avoir une incidence sur le rythme jour-nuit de l’individu. Il serait bon que les organismes régulateurs, les employeurs et les employés, ainsi que les concepteurs se penchent rapidement sur les possibilités de cette technologie, en s’inspirant de la feuille de route d’Arnsberg1, pour que l’éclairage artificiel ait à l’avenir un effet bénéfique sur la santé de l’individu au travail.

En concevant un « Human Centric Lighting »2, il est important de prendre en compte dès le départ les effets non visuels, faute de quoi on risque de voir se produire les mêmes erreurs que pour les LED qui, en raison de leur éco-efficience et de leur température de couleur stimulante blanche et froide, ont été souvent utilisées sans réflexion critique – même pour le travail posté avec rotation de trois équipes, pour lequel, comme on le sait aujourd’hui, ils peuvent représenter un risque pour la santé.

Afin de transposer en toute sécurité les connaissances actuelles dans la pratique, une planification soigneuse, débouchant sur une démarche en plusieurs étapes, s’impose du point de vue des fabricants :

 

  1. Il faut d’abord définir les domaines d’utilisation pour lesquels l’éclairage à effet biologique présente les plus grands avantages et est bénéfique pour le rythme jour-nuit (le rythme circadien) de l’individu.
  2. Pour chacun des domaines d’utilisation, il convient ensuite de prévoir un éclairage artificiel dynamique capable de compléter suffisamment la lumière naturelle dans la journée, et d’éviter pour la nuit un éclairage blanc trop clair avec une forte proportion de bleu.
  3. La dernière étape est le choix et l’installation des composants du système d’éclairage : des luminaires assurant un rayonnement lumineux adéquat, ainsi que des températures de couleur blanches et chaudes et proches de la lumière du jour, avec un système capable de piloter l’éclairage au moment voulu. Dans les cas particulièrement complexes, il est indiqué de synchroniser les plans d’éclairage avec les rythmes de rotation, en travaillant avec des spécialistes de la médecine du travail et de la chronobiologie.

Générer un savoir et l’ancrer dans des règles
Afin d’exclure partout toute erreur lors de la conception des systèmes d’éclairage, ces avancées doivent être diffusées et ancrées dans des textes réglementaires. En Allemagne, un groupe de travail opérant au sein du comité gouvernemental pour les postes de travail (ASTA) fait le point actuellement sur les avancées des sciences du travail. La sous-section spécialisée Éclairage de la DGUV prévoit d’élaborer une Information de la DGUV. Le comité de normalisation Technique d’éclairage au sein du DIN (FNL 27) travaille quant à lui à des recommandations d’utilisation. De plus, la neuvième édition du Forum d’experts du DIN consacré à l’effet non visuel de l’éclairage sur l’individu aura lieu mi-2017.

Dans la normalisation européenne, des activités menées au sein du CEN TC 169, dans les groupes de travail 2 « Éclairage des lieux de travail » et 13 « Effet non visuel de la lumière sur l’individu » visent à intégrer les connaissances actuelles dans des documents normatifs. Au niveau international, la Commission internationale de l’éclairage (CIE) a repris, dans le Comité technique JTC 9, les principes de l’évaluation de la stimulation non visuelle du rayonnement3. L’ISO/TC 274 « Lumière et éclairage » élabore un rapport technique où sont rassemblées des informations provenant d’études pratiques sur les effets non visuels de la lumière et permettant de réaliser des systèmes d’éclairage sûrs et utiles.

Il existe parallèlement une multitude de projets de recherche menés conjointement par des universités et des fabricants, dont les résultats sont pris en compte progressivement dans les travaux de réglementation et de standardisation et qui peuvent être mis en pratique.

L’éclairage dans dix ans
Grâce à la numérisation, on pourra connecter des informations sur des individus et, à l’aide d’algorithmes de calcul, définir et régler l’éclairage « adéquat » pour chaque individu, ou calculer une moyenne pour un groupe de personnes. Verra-t-on donc à l’avenir notre employeur ou nos caisses d’assurance maladie contrôler notre éclairage pour influer sur nos performances ou nous maintenir en bonne santé ? On peut aussi imaginer des systèmes d’éclairage capables de détecter automatiquement qui se trouve à quel endroit dans un bâtiment ou une pièce, et de fournir un éclairage adapté permettant non seulement de mieux voir, mais prenant aussi en compte les effets non visuels souhaités. De la science-fiction ? Non, car des projets de recherche existent déjà dans ce domaine. Au final, c’est à l’État et aux partenaires sociaux qu’il reviendra de trouver un juste milieu pour que ces systèmes soient utilisés correctement sur les lieux de travail. 

Jörg Minnerup

j.minnerup@trilux.de
Vorsitzender des Fachnormenausschusses Lichttechnik (FNL) bei DIN