KANBrief 4/14

Véhicules et machines mobiles utilisés en entreprise : même avec le GPL, le CO reste un problème

Les émissions de monoxyde de carbone (CO) causées par des véhicules et machines mobiles peuvent être mortelles si elles surviennent dans un environnement mal aéré. Les moteurs fonctionnant au gaz liquide (GPL) émettent généralement moins de CO que ceux fonctionnant à l’essence ou au diesel. Un niveau d’exposition suffisamment bas n’est toutefois garanti que par des moteurs dont le taux d’émissions correspond à l’état de l’art. Or, celui-ci doit encore se refléter dans les normes.

Le monoxyde de carbone (CO) est très toxique, car il empêche le transport de l’oxygène par les globules rouges. Une fois inhalé, le CO est très facilement absorbé par le sang, dont la capacité de fixer et de transporter l’oxygène se trouve alors durablement restreinte, voire totalement neutralisée. Une exposition aigüe peut provoquer des troubles cardiovasculaires, neurologiques ou métaboliques. Un aspect particulièrement dangereux est le fait que le CO est insipide, inodore et incolore et que, à l’exception de maux de tête, il ne provoque guère de symptômes susceptibles de mettre en garde les personnes affectées, ce qui explique qu’une intoxication au CO peut facilement avoir une issue mortelle.

Étude préliminaire sur l’état de l’art et l’exposition

Dans une grande entreprise de transport, les émissions de CO ont été mesurées sur plusieurs véhicules (de 0 à 20 ans d’âge) fonctionnant au GPL. Les mesures ont porté sur le taux en volume % dans les gaz d’échappement, ainsi que l’augmentation de la concentration de CO dans un petit atelier non aéré d’environ 400 m³ dans lequel s’effectuent les marches d’essai des machines, par exemple après une opération de maintenance. Ceci a permis d’obtenir des indications sur l’état de l’art, et sur les différences entre les moteurs anciens et les plus récents.

Des mesures d’exposition ont été par ailleurs effectuées auprès de quatre conducteurs de chariots de manutention fonctionnant au GPL durant leur travail dans un entrepôt d’environ 25 000 m³.

Conclusions et poursuite des recherches

Il s’est avéré que la valeur limite définie pour le monoxyde de carbone dans la Régle technique TRGS 900, à savoir 30 ml/m³, était dépassée chez tous les conducteurs, bien que les véhicules ne fussent pas constamment utilisés.

Pour 60 % des véhicules, la valeur limite définie dans les consignes d’application du règlement de prévention des accidents du travail (UVV) n° 79 de la DGUV sur l’utilisation de gaz liquide, à savoir 0,1 volume % de CO dans le gaz d’échappement, était dépassée d’au moins un facteur 2. Les émissions de monoxyde de carbone dépendent fortement du réglage correct du moteur. Or, les exploitants des engins justifient souvent un mauvais réglage des moteurs par le fait que ceux-ci fonctionnent mieux, absorbant mieux le gaz et ayant moins tendance à caler. Mais, compte tenu des risques occasionnés par les gaz d’échappement, cet argument ne devrait pas être acceptable.

Pour les plus gros moteurs (p.ex. 4 cylindres, cylindrée de 1.600 cm³), la valeur limite évoquée ci-dessus pour les gaz d’échappement ne correspond plus aujourd’hui à l’état de l’art. De toute évidence, elle peut être sensiblement et aisément réduite par une technique moderne d’épuration des gaz d’échappement. Des recherches plus poussées semblent indiquer que, même pour les petits moteurs de 6 à 35 kW de puissance, des taux d’émission de CO dans les gaz d’échappement nettement inférieurs à 0,1 volume % correspondent aujourd’hui à l’état de l’art, et devraient donc être repris dans la normalisation. Les machines de traitement des sols (équipées généralement de petits moteurs), par exemple, sont soumises à la norme EN 60335- 2-72 1. Une condition nationale particulière pour l’Allemagne y a été ajoutée, selon laquelle les gaz d’échappement des machines destinées à être utilisées en intérieur ne doivent pas contenir plus de 0,1 volume % de CO, à l’exception toutefois des moteurs monocylindres.

Conséquences pour la prévention

• Le fait que les émissions de CO dépendent fortement du réglage du moteur et que des véhicules relativement anciens soient utilisés très longtemps a confirmé la nécessité de contrôler les gaz d’échappements au moins deux fois par an, et de corriger si nécessaire le réglage du moteur"2. Ceci devrait être impérativement mentionné dans les manuels d’utilisation des engins fonctionnant au GPL, et donc également dans les exigences des normes relatives aux manuels d’utilisation des machines neuves.

• Un débat devrait être engagé afin de mieux définir quel est l’état de l’art, pour que celuici puisse se refléter dans la normalisation.

• À terme, l’objectif devrait être d’utiliser si possible uniquement des machines à moteur électrique dans les locaux fermés. Afin d’y parvenir, il faudrait non seulement agir auprès des exploitants (mesures d’information de la part des organismes d’assurance accidents et de l’inspection du travail), mais aussi que les exploitants fassent pression sur les fabricants (exigences plus strictes en matière de réduction d’émissions lors de l’achat).

Auteurs : Groupe de travail3 « Émissions de CO des machines mobiles fonctionnant au gaz liquide »
info@kan.de  

1 EN 60335-2-72 « Appareils électrodomestiques et analogues – Sécurité – Partie 2-72 : Règles particulières pour les machines automatiques de traitement des sols à usage industriel et commercial »
2 Cf. les consignes d’application du règlement de prévention des accidents du travail (UVV) n° 79 de la DGUV sur l’utilisation de gaz liquide
3 Ulrich Birkenstock (BG Verkehr), Peter Bollwitt (BGN), Arno Goebel (IFA), Dr. Claus-Peter Maschmeier (LAV Saxe-Anhalt), Corrado Mattiuzzo (KAN), Stefan Merkle (BG BAU)