KANBrief 3/12
Le système européen de surveillance du marché pour les équipements de travail se trouve à la croisée des chemins. Alors que les ressources diminuent, l’industrie, les syndicats et les préventeurs réclament une meilleure surveillance du marché. Le principal enjeu, pour les prochaines années, consistera à mieux exploiter les ressources disponibles, afin de créer un système efficace qui soutienne le Marché intérieur et protège l’économie européenne contre les importations non conformes.
Le défi consiste à faire plus avec moins, en coopérant intelligemment. Divers instruments peuvent s’avérer utiles pour élaborer un meilleur système et contribuer à éviter les doublons, notamment l’ICSMS1, le « système général d’archivage et d’échange d’informations » visé à l’article 23 du Règlement 765/2008 de l’UE, le système de coopération des pays nordiques pour la surveillance des équipements de travail, ou encore EUROSHNET, réseau facilitant l’échange d’informations sur les risques et les contrôles.
Le groupe ADCO Machines élabore actuellement un système concerté comportant des projets de surveillance du marché de dimension communautaire, système qui a recours à certains de ces instruments. Il s’agit par exemple de réfléchir sur la manière d’améliorer la surveillance du marché, à l’intérieur des pays et aux frontières, ou encore de mieux exploiter l’expérience amassée par les organes de surveillance du marché pour élaborer de meilleures normes et réduire ainsi le nombre des procédures de clause de sauvegarde nécessaires.
La surveillance du marché en 2022
Je pars du principe que, d’ici dix ans, la surveillance du marché de l’UE aura évolué et sera devenue un système efficace au sein duquel les services douaniers, les salariés et l’industrie oeuvreront ensemble pour identifier les principaux domaines à risque, planifier les projets d’intervention et en coordonner l’exécution entre les différentes autorités, en ayant recours à l’ICSMS pour l’échange d’informations.
Le modèle du groupe ADCO Machines peut servir de « feuille de route » pour un système meilleur, qui englobe la totalité des directives concernant les équipements de travail. Un certain financement centralisé est nécessaire pour éviter que les seuls États membres à pouvoir y participer soient ceux qui ont les moyens de financer les voyages pour se rendre aux réunions.
D’ici 2022, l’ICSMS devrait être suffisamment développé pour permettre à toutes les autorités en charge de la surveillance du marché d’y fournir des informations complètes et actualisées sur les produits qu’elles ont contrôlés. Ceci permettra d’échanger des données sur les essais, d’éviter de faire deux fois le même travail et de travailler de manière plus ciblée. Il serait bon que l’ICSMS élargisse sur son site l’espace accessible à tous, et possède un système de saisie basé sur les directives, afin de rendre la saisie des données plus conviviale. Un lien direct avec RAPEX2
et avec les procédures de clause de sauvegarde rendrait inutile toute double saisie de données, tout pouvant en effet être trouvé sur un seul et même site.
Les États membres qui identifient des produits défectueux doivent pouvoir faire en sorte que les produits en question soient rectifiés ou retirés du marché dans l’ensemble de l’espace économique européen. Nous avons actuellement 27 systèmes légaux différents pour surveiller et faire appliquer le Marché intérieur, chaque autorité n’ayant de pouvoir exécutif que dans son propre pays. Je ne crois pas que, en 2022, il y aura au sein de l’UE une autorité exécutive centralisée – cela n’est pas politiquement réalisable. Ce qui serait néanmoins précieux, ce serait un « Avis de mise en application communautaire » qui serait valable dans l’ensemble de l’UE et que chaque autorité de surveillance du marché pourrait utiliser pour obliger les fabricants et importateurs à rendre leur produit conforme aux directives, ou bien à le retirer du marché, et ce dans l’ensemble de l’UE.
J’attends pour 2022 qu’il existe un système d’information douanière pour l’ensemble de l’UE, système qui serait connecté à l’ICSMS, ce qui permettrait aux autorités de surveillance du marché de travailler avec les autorités douanières pour identifier les produits suspects en route vers l’UE et pouvoir intervenir au port d’arrivée ou sur le site de réception de l’importateur.
J’espère enfin une meilleure concertation de toutes les Directions générales de la Commission européenne concernées. L’élément décisif est un lien étroit entre l’utilisation d’équipements de travail, qui relève de la directive 2009/104/CE, et la fourniture de machines, soumise à la directive 2006/42/CE. L’expérience montre que ce n’est qu’en utilisant des équipements de travail que l’on constate leurs défectuosités, ou que cellesci provoquent des accidents. La raison en est le plus souvent une conception médiocre ou une mauvaise utilisation de la machine.
En résumé, ce que j’attends à l’horizon de 2022, c’est de pouvoir disposer d’instruments légaux et de systèmes d’information efficaces, et de bénéficier de moyens financiers pour la formation et la coopération, afin de garantir une surveillance du marché efficace et ciblée, tant au frontières qu’à l’intérieur des pays.
1 www.icsms.org 2 Système d’alerte rapide pour les produits dangereux non alimentaires, ec.europa.eu/rapex L'article est basé sur une présentation donnée à la conférence EUROSHNET: www.euroshnet-conference.eu/fr –> Présentations de la conférence
Phil Papard
HSE / ADCO-Gruppe Maschinen
1 www.icsms.org
2 Système d’alerte rapide pour les produits dangereux non alimentaires, http://ec.europa.eu/rapex
L'article est basé sur une présentation donnée à la conférence EUROSHNET