KANBrief 4/25
Les machines mobiles hautement automatisées et fonctionnant sans conducteur sont de plus en plus utilisées dans l’agriculture. Dans une position de la KAN, les préventeurs ont formulé des exigences pour une conception sûre de ces machines, le but étant de réduire les risques pour les employés et tout autre tiers.
La robotique est en plein essor dans l’agriculture. Dans ce secteur, ce terme désigne les engins mobiles hautement automatisés qui fonctionnent sans conducteur. Ils peuvent être utilisés avec une grande flexibilité d’usage à la place d’un tracteur traditionnel, ou comme robots spécialisés capables notamment de labourer, de désherber ou de pulvériser des produits phytosanitaires en ciblant précisément telle ou telle plante. Ces engins permettent non seulement d’accroître l’efficacité, mais aussi de pallier une pénurie croissante de main-d’œuvre qualifiée. Du point de vue de la SST, ces nouveaux équipements de travail ont potentiellement un impact positif en termes de sécurité et de protection de la santé. Ils sont en effet censés diminuer les risques liés à la poussière, à la chaleur, aux substances dangereuses (les produits phytosanitaires) ou aux vibrations, mais aussi aux réactions de stress dues à la charge mentale, en raison de l’évolution des profils d’activité des opérateurs de machines agricoles. Ils devraient en outre permettre de remédier notablement à la cause d’accidents la plus fréquente : actuellement, parmi ceux qui surviennent sur des machines agricoles avec opérateurs, 50 % au moins ont lieu en montant sur la machine ou en en descendant. Mais, en revanche, l’utilisation de robots engendre de nouveaux risques qu’il faut prévenir, en veillant dès la conception des engins à exclure – ou tout au moins à minimiser quand ce n’est pas possible – tout danger lié à ces engins et à leur utilisation.
En Allemagne, la SST concernant les engins agricoles mobiles sans conducteur relève en premier lieu de la compétence de la Caisse d’assurance sociale pour l’agriculture, la sylviculture et l’horticulture (SVLFG). Depuis déjà un certain temps, celle-ci est sollicitée tant par des agriculteurs que par des fabricants d’engins. Une situation confortable : les fabricants demandent d’eux-mêmes aux spécialistes de la SST comment garantir la sécurité de leurs robots. La normalisation s’est, elle aussi, saisie du sujet des engins autonomes utilisés dans l’agriculture. Au niveau international, les premiers documents ont été élaborés, concernant notamment les tracteurs et matériels agricoles partiellement automatisés, semi-autonomes et autonomes, mais, du point de vue de la SST, leur niveau laisse encore à désirer. Les experts de la SVLFG participent à la normalisation. Ne souhaitant toutefois pas faire cavalier seul, ni dans ce contexte ni pour les demandes qui leur sont adressées, ils visent à agir sur la base d’une position concertée en matière de SST.
Pour les cercles de préventeurs allemands, les colloques proposés par la KAN constituent une méthode éprouvée de concertation. Celui de février 2025 a réuni des représentants de tous les cercles de la KAN, auxquels s’étaient joints, pour apporter leur assistance, des experts appartenant aux ministères de l’Agriculture de la Fédération et du Land de Rhénanie-Westphalie, ainsi qu’à la chaire de l’université d’Osnabrück dédiée aux systèmes autonomes et collaboratifs agricoles et de capteurs. Le but de cette rencontre était d’élaborer des conditions générales en matière de sécurité pour l’utilisation dans les champs de machines agricoles mobiles hautement automatisées et sans conducteur, et ce afin de réduire les risques liés à ces machines, tant pour les employés que pour les tiers.
Lors du colloque, c’est délibérément qu’aucun détail technique n’a été abordé. Les participants ont en revanche défini des pistes de travail qui doivent être prises en compte dans l’optique de la SST. Ce n’est que plus tard que sera clarifiée la manière dont elles devront être techniquement concrétisées, par exemple lors de discussions avec les fabricants, ou au sein de comités de normalisation. L’avantage que présente cette approche est qu’elle permet de prendre en compte l’état actuel de la technique dans cette concrétisation.
La détection automatique de personnes dans l’environnement des robots agricoles est au cœur des enjeux de sécurité. Les capteurs utilisés doivent alors refléter l’état de l’art en matière de fonctions de sécurité. Ceci s’applique aussi bien aux machines agricoles individuelles qu’à la combinaison tracteur/engin remorqué. Il est souligné que les mesures techniques priment sur les mesures organisationnelles.
Les zones de danger des machines agricoles mobiles, hautement automatisées et sans conducteur doivent être définies de manière exhaustive. On notera à ce propos que ces zones sont généralement accessibles au public. Il faut en outre prendre en compte des facteurs dynamiques dans la zone présentant un danger potentiel, par exemple quand une autre machine mobile pénètre dans la zone de celle qui fonctionne sans conducteur.
La détection de personnes doit s’effectuer avec une sécurité suffisante, et en tenant compte de tous les phénomènes dangereux. Elle concerne les employés, mais doit aussi inclure les tiers, en particulier les enfants, les personnes à capacité d’action réduite, etc. Les capteurs doivent refléter l’état de l’art en matière de fonctions et applications liées à la sécurité. La détection de personnes fait partie des mesures de protection à prendre pour assurer la conformité avec la législation européenne en matière de sécurité des machines. A cet égard, le niveau de la technique de sécurité des systèmes d’assistance actuellement disponibles est insuffisant.
Ces conditions générales sont valables aussi bien pour la machine individuelle que pour la combinaison tracteur/remorque. Le terme de « remorque » englobe en l’occurrence tous les engins associés, attelés ou tractés. Étant donné que, par principe, les mesures techniques priment sur les mesures organisationnelles, la remorque doit être détectée avec une sécurité suffisante par le système de protection du tracteur. Le cas échéant, la remorque doit être équipée de systèmes supplémentaires, qui seront alors intégrés dans le système de protection du tracteur. Le système de protection du tracteur peut par exemple être chargé de surveiller la remorque. Si la combinaison n’est pas reconnue comme étant sûre, le tracteur ne démarrera pas.
Les mannequins utilisés pour tester la fonction de détection des personnes doivent être adaptés à cet usage, et représenter notamment des adultes et enfants en position debout, couchée et à genou et portant des vêtements de tous les jours.
La KAN a adopté cette position en juillet 2025. Ce document pourra désormais servir de base au travail des préventeurs dans les comités de normalisation et lors de discussions avec les fabricants et les utilisateurs.