KANBrief 1/18

Maintenir la capacité de travail par un aménagement inclusif – une tâche qui relève de l’ergonomie

L’aménagement inclusif du travail s’inscrit dans une approche plus générale dont le but est de maintenir la capacité de travail, enjeu qui, face à l’évolution démographique, ne cesse de gagner en importance. Les grands piliers en sont des mesures techniques prises pour aménager les postes de travail et garantir l’accessibilité, mesures qui sont mises en œuvre dans le cadre d’une démarche participative, en étroite collaboration avec les intéressés et les représentants des salariés atteints de handicaps lourds.

L’exemple de l’électricien allemand RWE illustre comment l’aménagement inclusif du travail peut contribuer à maintenir la capacité de travail. Cet aménagement inclusif est l’un des modules de la panoplie d’instruments conçue en interne par l’entreprise pour la « conception d’un travail adapté à l’âge et au vieillissement »1. Elle contient d’autres modules, notamment :

  • Élaboration participative de standards ergonomiques
  • Cahiers des charges ergonomiques pour les fournisseurs (de systèmes)
  • Aménagement ergonomique des horaires de travail

L’inclusion de tous les salariés dans des processus de travail productifs et favorables à la santé constitue une caractéristique essentielle des systèmes de travail adaptés à l’âge et au vieillissement. Chez RWE, la proportion d’employés atteints de handicaps lourds est de 11 %. Dans l’entreprise, l’ergonomie contribue de manière importante à maintenir la capacité de travail des salariés handicapés et aux capacités restreintes. Vieillir en bonne santé dans le processus de travail jusqu’au départ à la retraite est un objectif qui vaut également, comme fil conducteur, pour les personnes handicapées et aux capacités restreintes.

L’aménagement du (poste de) travail

Dans le domaine de l’aménagement inclusif du travail, plus de 1500 interventions conçues par le département Ergonomie ont été financées dans l’entreprise depuis 1996, principalement par des fonds provenant de la taxe compensatoire2. Elles présentent les caractéristiques suivantes :

  • Elles sont axées sur les besoins individuels des intéressés
  • Elles se font en étroite coopération avec la médecine du travail et les représentants des salariés atteints de handicaps lourds
  • Elles impliquent le choix au cas par cas des équipements techniques d’assistance et de travail
  • Elles prennent en compte les temps de repos nécessaires

Les mesures techniques d’aménagement mises en œuvre sont par conséquent très diversifiées : p. ex. tables élévatrices à ciseaux dans les ateliers pour éviter les postures défavorables, manipulateurs de charges sur les tours pour optimiser la pénibilité du travail, outils légers et puissants pour réduire l’effort lors des opérations de maintenance, logiciels fiables de commande vocale, matériel informatique spécial ou mobilier adapté au cas individuel pour le travail de bureau.

Au fil du temps, les tâches à effectuer, et donc les problèmes qui leur sont liés en matière d’aménagement du travail, ont radicalement évolué3. Autrefois, on créait souvent des postes de travail peu pénibles nécessitant peu d’efforts physiques et pour lesquels la personne était affectée à des tâches non opérationnelles et non critiques en termes de performances. Il pouvait par exemple s’agir d’un poste de portier ou de gardien dans la « salle des pendus » d’une mine de charbon. Étant donné que ces emplois sont aujourd’hui déjà souvent confiés à des handicapés, ou bien sous-traitées à des prestataires externes, les mesures d’aménagement des postes de travail visent en priorité à permettre aux personnes lourdement handicapées et groupes assimilés de continuer à exercer leur activité habituelle.

Accessibilité

Pour les bâtiments administratifs de l’entreprise, un bilan de l’accessibilité pour personnes à mobilité réduite a été établi à l’aide d’une check-list3. Certains endroits choisis (p.ex. parkings, toilettes, rampes d’accès) ont été rendus accessibles par des travaux adéquats, conformément à la norme DIN 18040-1.

Une approche participative

Le programme baptisé « Ergonomie-Scouts »4 traduit en pratiques standardisées les expériences positives de l’approche participative. Conçue initialement à l’intention des délégués à la sécurité, la démarche a été, en un deuxième temps, adaptée aux représentants des employés handicapés. La qualification des « éclaireurs » en matière d’ergonomie leur permet d’identifier les besoins au niveau de la conception ergonomique, et de faire en sorte que le problème soit traité. Ils accompagnent aussi l’élaboration et la mise en place de la mesure corrective. Grâce à ce programme, le rôle du représentant des employés handicapés, déjà solidement ancré dans l’entreprise, a encore gagné en importance. Ces représentants ont un rôle fondamental à jouer pour la mise en œuvre de mesures de l’aménagement inclusif du travail.

Dr. Markus Buch markus.buch@rwe.com

1 Buch, Draht, Gröner. Alternsgerechte Arbeit schafft Zukunftsfähigkeit. Contribution à un congrès, GfA-Press 2011.
2 Taxe payé par les entreprises ne satisfaisant pas au quota prescrit d’employés atteints de handicaps lourds.
3 Buch, Gröner, Bienias, De Jong. Inklusive Arbeitsgestaltung als Beitrag der Ergonomie für alter(n)sgerechte und effiziente Arbeitssysteme am Beispiel eines Energieversorgers. Contribution à un congrès,
GfA-Press 2014.
4 Gröner, Buch. Ergonomie-Scouts als Ausgangspunkt beteiligungsorien­tierter Arbeitsgestaltung. Contribution à un congrès, GfA-Press 2012.