KANBrief 2/12

Scier et fendre le bois de chauffage en toute sécurité

L’une des pistes susceptibles de réduire le nombre d’accidents lors du travail du bois de chauffage est d’améliorer les normes applicables aux machines destinées à cet usage. Entre 2009 et 2011, lors de plusieurs rencontres modérées par le Secrétariat de la KAN, des experts ont réfléchi à la question de savoir comment empêcher les opérateurs de machines ou encore d’autres personnes travaillant avec eux d’introduire les mains dans la zone de sciage ou de fendage.

Les fendeuses de bois et machines à scier le bois de chauffage sont à l’origine d’accidents parfois dramatiques et de blessures très graves, notamment d’amputations. La principale cause en est une protection insuffisante des zones de fendage et de sciage. Le concept de protection et les exigences techniques pour ces machines contenus dans les actuelles normes européennes EN 609-11 et EN 1870-62 ne vont pas assez loin et ne concrétisent pas de manière adéquate les exigences essentielles de sécurité de la directive Machines 2006/42/CE. Dans la norme EN 609-1, l’Annexe ZB signale même explicitement des lacunes graves. La KAN et l’Assurance sociale agricole (LSV) se sont donc fixé pour objectif d’initier la révision de ces normes, par des suggestions concrètes d’amélioration, et de prescrire ainsi à l’avenir un niveau de protection plus élevé en adéquation avec la directive Machines.

L’approche du groupe d’experts
Une proportion élevée des accidents survenus lors du travail du bois de chauffage est imputable au fait que les machines ne sont pas utilisées par une personne seule, mais par plusieurs personnes à la fois. Les concepts de sécurité des normes EN 609-1 et EN 1870-6 devront à l’avenir tenir compte impérativement et sans restrictions de cette pratique courante qu’est la présence simultanée de plusieurs personnes. Les normes doivent en outre garantir que les machines sont conçues de manière à pouvoir bloquer suffisamment les bûches, faute de quoi les personnes concernées peuvent être tentées, avant et pendant l’opération, d’introduire la main dans la zone de fendage ou de sciage afin de les stabiliser. Pour tous les types de machines, il serait bon par ailleurs que les aspects ergonomiques ne soient plus considérés comme secondaires, comme c’était le cas jusqu’à présent.

Il existe en outre une quantité d’autres facteurs qui peuvent contribuer à empêcher les accidents. Sur les fendeuses, il faudrait par exemple que le dispositif de commande à deux mains ne puisse pas être manipulé facilement, exposant ainsi l’opérateur à de graves dangers. Il doit être possible de débloquer en toute sécurité les morceaux de bois coincés, et d’empêcher tout mouvement dangereux de la fendeuse lors de l’introduction des bûches. Les scieuses de bois de chauffage très légères, en particulier, doivent être suffisamment stables, car elles peuvent s’avérer extrêmement dangereuses en se renversant alors que la lame est en mouvement. Dans le cas des scieuses « combinées » qui peuvent être transformées pour être à la fois capables de travailler le bois de chauffage et être utilisées comme simples scies circulaires de table, la sécurité obtenue par des concepts de protection différents, adaptés respectivement à ces deux usages, doit être garantie durablement.

Les suggestions déterminantes concernent toutefois la manière d’empêcher l’accès à la zone de sciage ou de fendage, de préférence par des protecteurs ou dispositifs de protection. Grâce à la coopération de certains fabricants, bon nombre des suggestions ou objectifs évoqués ont pu être expérimentés sur des prototypes. Le groupe de travail a pu ainsi disposer de matériel concret lui permettant d’évaluer les risques, ainsi que d’avis sur la faisabilité des propositions. L’une des conclusions a été que les exigences pertinentes devaient être fixées dans la norme EN 609-1 non pas de manière globale, mais différemment pour chacun des quatre principaux types de fendeuses de bois : verticale, horizontale, pour bûches courtes ou bûches longues. Particulièrement innovants, certains des prototypes examinés fonctionnaient selon une approche totalement nouvelle, démontrant qu’ils permettaient d’atteindre des niveaux de protection très élevés. Il serait souhaitable que ces nouveaux concepts soient mûris, jusqu’au stade de la fabrication en série, de sorte que, représentant l’état de l’art, ils pourraient finalement être repris dans la normalisation.

Le travail de normalisation a commencé
Au sein des CEN/TC, les discussions portant sur une révision des normes viennent d’être entamées. L’Allemagne fait l’apport des conclusions sur lesquelles ont débouché les réflexions du groupe de travail de la KAN, par l’intermédiaire d’un collaborateur de la confédération de l’assurance sociale agricole. Dans le cas des fendeuses, en particulier, la révision de la norme prendra sans doute quelque temps.

 

Corrado Mattiuzzo
mattiuzzo@kan.de

 

1 EN 609-1:1999+A2:2009 « Matériel agricole et forestier – Sécurité des fendeuses de bûches – Partie 1: Fendeuses à coin »
2 EN 1870-6:2002+A1:2009 « Sécurité des machines pour le travail du bois – Machines à scie circulaire – Partie 6: Scies circulaires à chevalet et/ou à table pour la coupe du bois de chauffage, avec chargement et/ ou déchargement manuel »