KANBrief 1/20

Vers des vêtements de protection à éclairage actif

Sur les vêtements de signalisation habituels répondant à la norme EN ISO 204711, les éléments rétroréfléchissants doivent, dans l’obscurité, assurer la visibilité des utilisateurs de tous les côtés. Or, ces vêtements sont inefficaces s’ils ne sont pas éclairés par une source de lumière externe. La solution pourrait être des vêtements équipés d’un éclairage actif. L’institut pour la sécurité et la santé au travail de la DGUV (IFA) a étudié leur efficacité et publie ses conclusions dans une prénorme.

Une bonne visibilité est un facteur de sécurité primordial dans de nombreux domaines tels que la circulation routière, les chantiers, les transports et la circulation dans l’enceinte des entreprises, la manutention portuaire ou les aéroports. Dans des conditions météorologiques défavorables ou dans des endroits ombragés, les travailleurs ne sont toutefois pas toujours bien visibles, et ce malgré leurs vêtements de signalisation. Pour pallier ce déficit, les fabricants travaillent à des solutions d’éclairage actif sur ces vêtements.

La BG Verkehr2 a chargé l’IFA de mener une étude sur les exigences auxquelles doivent répondre les vêtements de signalisation à éclairage actif utilisés sur la voie publique et pour les transports et la circulation en entreprise. Les aspects à étudier concernent notamment la quantité minimum et le positionnement des LED, et la visibilité la nuit. Les questions encore sans réponse concernent surtout la couleur, la luminosité, l’éblouissement et l’angle de diffusion des LED. D’autres aspects restent encore à examiner, notamment la sécurité et l’autonomie des batteries, facteurs déterminants pour la disponibilité de l’éclairage actif, ainsi que la compatibilité électromagnétique et les champs électromagnétiques pour les porteurs d’implants, la sécurité électrique, les classes de protection IP, les exigences mécaniques et l’entretien des vêtements.

Des tests effectués sur des personnes

Dans une première série d’essais, diverses sources lumineuses (LED, rubans LED, fibres optiques…) de différentes formes et couleurs ont été évaluées du point de vue de leur luminance3 à différents angles de diffusion. À cet effet, des essais ont été effectués sur des personnes, en extérieur et dans l’obscurité, le but étant de déterminer la visibilité des différentes configurations de LED (en rangées ou en aplat), luminances (600 cd/m2 et 1200 cd/m2) et couleurs (rouge et jaune), successivement à des distances de 50 m, 80 m, 100 m et 150 m.

Disposées sur un panneau à 3,5 cm ou à 10 cm d’écart, les LED individuelles étaient visibles par chacune des personnes ayant participé au test jusqu’à une distance de 150 m de la source lumineuse, pour une luminance relativement faible de 600 cd/m2, en précisant que 80 % des personnes distinguaient plus nettement les LED rouges que les jaunes. 20 % ont affirmé que, pour une luminance de 1200 cd/m² et à une faible distance (1 mètre), elles étaient éblouies par la source lumineuse, ce qui ne se produisait pas, en revanche, à une luminance de 600 cd/m2.

D’autres essais effectués avec des vêtements de signalisation équipés de LED ont révélé que ces sources lumineuses se trouvaient parfois cachées par une main, un bras, un mouvement du corps, un sac accroché ou des sangles de transport, de sorte que la visibilité de 360° recherchée n’était plus garantie. Pour éviter cet effet, il faut prévoir un nombre suffisant de LED et de les disposer intelligemment.

Lors d’une deuxième série d’essais menés dans l’obscurité, les participants devaient évaluer des LED disposées différemment, ainsi que leur visibilité à partir de différentes distances. Ce n’est qu’à partir d’une luminance de 100 cd/m² que des LED individuelles rouges et jaunes disposées à 17 mm les unes des autres ont pu être reconnues à une distance de 150 m. Les blanches n’étaient pas visibles. Les essais portant sur des LED disposées en aplat sont encore en cours.

Un test de visibilité concernant différentes configurations de LED a été mené dans des conditions plus réelles sur un gilet de signalisation de classe 3, sur lequel des LED étaient disposées à 10 cm les unes des autres, parallèlement aux bandes rétroréfléchissantes. En raison de LED ne pouvant être appliquées de manière rigide, de plis dans le vêtement, d’endroits recouverts et de l’écart choisi entre les LED, la veste n’était visible que jusqu’à une distance de 50 m, pour une luminance de 400 cd/m². Les luminances plus faibles n’étaient plus du tout visibles.

Une prénorme en cours d’élaboration

Les premières conclusions de l’étude sont prises en compte dans l’élaboration d’une prénorme définissant les exigences particulières auxquelles doivent répondre les vêtements de signalisation à éclairage actif, en plus des surfaces rétroréfléchissantes et fluorescentes existantes sur les vêtements selon la norme EN ISO 20471. Ceci doit permettre de réagir rapidement aux besoins du marché, en particulier aux besoins en matière d’essais et de certification, selon le règlement sur les EPI4. Il est prévu que le projet DIN/TS 91418 soit soumis à l’enquête publique d’ici le milieu de l’année. La publication de la prénorme devrait intervenir à la fin de 2020.

 

O. Mewes, C. Walther, Ch. Werner, W. Grommes (alle IFA), M. Dauber (BG Verkehr), M. Thierbach (KAN)

olaf.mewes@dguv.de

 

1  EN ISO 20471 « Vêtements à haute visibilité – Méthodes d’essai et exigences »
2 Organisme d’assurance sociale allemande des accidents du travail et des maladies professionnelles des secteurs de la circulation, de la logistique de la poste et des télécommunications
3 La luminance est la seule grandeur photométrique de base qui soit perçue par l’œil. Elle décrit la sensation de luminosité, à la fois d’une source lumineuse et d’une surface. Elle s’exprime en candelas/surface (cd/m²)
4 Règlement (UE) 2016/425 relatif aux équipements de protection individuelle