KANBrief 1/16

Cartables : look cool et sécurité sont-ils conciliables ?

Une bonne visibilité des écoliers pour les usagers de la route contribue à éviter les accidents, ce qui est aussi dans l’intérêt des caisses d’assurance accidents. Les cartables équipés d’éléments réfléchissants et fluorescents de taille suffisante, conformes à la norme DIN 58124, contribuent à la sécurité. Or, ces modèles ne correspondant manifestement pas à l’idée d’un « look cool », on trouve sur le marché de plus en plus de cartables qui contournent les exigences de la norme.

« Insuffisant » : tel est le verdict de l’organisation de consommateurs Stiftung Warentest lorsqu’un cartable n’est pas équipé d’éléments réfléchissants et fluorescents de taille suffisante1. La norme DIN 58124 « Cartables – Exigences et essais » prescrit que 10 % au moins de la face arrière et des faces latérales doivent être couverts par des éléments rétroréfléchissants. Ceci accroît la visibilité dans l’obscurité quand la lumière des phares éclaire le cartable. Le jour, en revanche, ces réflecteurs ne servent à rien. Pour garantir également une sécurité suffisante le jour, on a recours à des matériaux fluorescents qui sont bien visibles grâce aux couleurs orange-rouge ou jaune, telles qu’on les connaît pour les gilets de sécurité. Selon la norme, ils doivent couvrir au moins 20 % des faces du cartable.

Alors que les réflecteurs sont couramment utilisés sur les cartables, certains fabricants renoncent aux accessoires fluorescents qui améliorent la visibilité le jour et au crépuscule. De toute évidence, les créateurs ont du mal à réconcilier des princesses rose bonbon ou de sombres dragons avec les couleurs de la norme. De plus en plus souvent, les jeunes écoliers et leurs parents se laissent donc guider dans leur choix par l’aspect « cool » et non pas par celui de la sécurité. La publicité donne peut-être aussi l’impression que l’on a fait ce qu’il fallait pour la sécurité, même si le cartable n’est pas conforme à la norme.

La sécurité d’un produit, qu’est-ce que c’est ?

Les autorités de surveillance du marché ont toutefois du mal à s’opposer à ce type de cartables. La loi sur la sécurité des produits prescrit sous une forme générale que seuls peuvent être lancés sur le marché les produits qui ne mettent pas en danger la sécurité et la santé de leur utilisateur. Les normes listées dans le Journal ministériel commun concrétisent ce qu’il faut entendre par cette formule. La norme DIN 58124 en fait partie, certes, mais le fait même qu’elle apparaisse dans cette liste ne fait pas l’unanimité pour ce qui est des exigences relatives à la visibilité2. Les avis divergent sur la question de savoir si un cartable doit être équipé de fonctions de signalisation afin de pouvoir appréhender aussi des sources externes de danger, comme les voitures ou les autres usagers de la route.

Le consensus règne en revanche sur le fait que les autorités peuvent intervenir lorsqu’un fabricant souligne dans sa publicité que son produit est conforme à la norme DIN, alors que ce n’est pas le cas. De plus, et indépendamment de tous les pour et les contre du point de vue légal, l’utilisation d’un cartable n’a rien d’obligatoire. Il est toujours possible de le remplacer par un sac ou un sac à dos.

La révision de la norme ouvre des possibilités

Dans le cadre des remaniements effectués périodiquement pour adapter les normes à l’état de l’art, la DIN 58124 est actuellement en cours de révision. Celle-ci offre la possibilité de chercher comment mieux concilier les exigences de design et de visibilité. Un rose bonbon fluorescent, par exemple, s’il est de taille suffisante, peut-il permettre d’obtenir de bonnes valeurs en termes de visibilité ? Le dragon sera-t-il davantage mis en valeur s’il crache des flammes alimentées par des LED ? Les surfaces réfléchissantes et fluorescentes doivent-elles être d’un seul tenant, ou bien rendrait-on les cartables plus visibles en accentuant davantage leurs contours ?

Lors de la révision de la norme, il faudra aussi veiller aux exigences ergonomiques. La conception ergonomique d’un cartable constitue en effet une caractéristique qui relève de la loi sur la sécurité des produits, et peut donc s’avérer pertinente dans l’optique d’une publication ultérieure de la norme dans le Journal ministériel commun.

Pour pouvoir répondre aux questions encore en suspens, il est important que des experts de la sécurité, issus par exemple des rangs de l’assurance accident légale, des consommateurs et des autorités, participent activement à la révision de la norme. Parallèlement, il serait bon que cette révision soit accompagnée par le Comité pour la sécurité des produits (AfPS), qui décidera si la norme révisée doit être listée au Journal ministériel commun. Il serait par ailleurs utile de sensibiliser les parents, établissements scolaires et autres responsables au choix de cartables adéquats. La KAN et ses partenaires se mobilisent en faveur de ces aspects.

Werner Sterk
sterk@kan.de 

1 Rapport d’essai 03/2013,
www.test.de/Schulranzen-Viele-Ranzen-leuchten-nicht-4504907-0  (en allemand)
2 DGUV Forum 10/11, p. 19-21,
www.dguv-forum.de/files/594/11-36-093_DGUV_Forum_10-2011.pdf (en allemand)