KANBrief 4/18
Il y a quelques années, on a découvert dans l’œil humain un type de récepteur particulièrement sensible au rayonnement dans le spectre bleu de la lumière visible. C’est, entre autres, via ce récepteur que la lumière influe de manière non visuelle sur l’horloge interne, sur le rythme biologique, sur le sommeil, sur des fonctions corporelles importantes et sur le bien-être.
En 2013, le DIN a publié une spécification contenant des recommandations de planification détaillées sur les effets non visuels de la lumière, notamment sur les lieux de travail. Étant donné que l’on manquait d‘éléments scientifiques à même d’étayer des recommandations d’application aussi détaillées, et que le sujet concerne l’organisation de la prévention en entreprise, la KAN a réagi par une prise de position du point de vue de la SST (NOTE : le document de position (pdf, en anglais) a été actualisé en septembre 2022). Dans le même temps, l’industrie a perfectionné ses systèmes d’éclairage correspondants, vantant largement leurs effets positifs sur la santé. Dans la pratique, les informations sur leurs possibilités et leurs risques faisaient toutefois défaut, tout comme des recommandations pour leur utilisation du point de vue de la SST. Deux ateliers de travail organisés par la KAN ont finalement offert la plateforme adéquate pour des discussions constructives entre les préventeurs, les scientifiques, les associations industrielles et les partenaires sociaux. Le résultat en a été la mise en place d’activités importantes, notamment de la part des préventeurs.
Dans le cadre d’une étude bibliographique, la KAN a, pour la première fois, compilé les résultats d’études scientifiques relatives à l’effet non visuel de l’éclairage, et pertinentes pour la SST3. S’appuyant sur l’étude, les mandataires ont formulé des questions de recherche et la KAN a élaboré des recommandations à l’adresse notamment de la DGUV ou d’institutions de recherche.
Le document d’information 215-220 de la DGUV (en allemand) publié par sa sous-section spécialisée Éclairage et intitulé « Les effets non visuels de la lumière sur l’individu » (9/2018) se base sur les conclusions de l’étude bibliographique de la KAN. Même si les connaissances sur les effets non visuels de la lumière sont encore incomplètes, il était important d’informer les entreprises et les employés de leur impact sur la santé, et de fournir de premières recommandations et aides sur la manière de gérer l’éclairage sur les lieux de travail. C’est d’autant plus important face à la tendance persistante d’équiper de nombreux lieux de travail surtout de LED au spectre à forte composante de bleu (blanc lumière du jour), en raison de leur bonne efficacité énergétique. Or, utilisées au mauvais moment, elles peuvent au contraire s’avérer nuisibles pour le rythme veille-sommeil. Les effets non visuels de la lumière s’exerçant à tout moment du jour et de la nuit, le document de la DGUV contient aussi des informations pour les périodes avant et après le travail et pour les jours de repos.
Pour la SST, l’Institut pour la prévention et la médecine du travail de la DGUV (IPA) et l’Institut fédéral de la sécurité et de la santé au travail (BAuA) conduisent des recherches sur le thème de la lumière : l’IPA étudie ses effets sur les hormones, sur le sommeil sur d’autres paramètres dans le travail posté, ainsi que le rôle potentiel de la mélatonine – une hormone dont la sécrétion diminue sous l’effet de l’éclairage la nuit – dans le développement du cancer du sein. L’un des projets de recherche prévus par le BAuA concerne l’impact de la lumière sur l’attention durant la journée, en fonction de sa composition spectrale et de la durée d’exposition.
De plus, le BAuA coordonne le nouveau réseau scientifique européen NoVEL (Non-Visual Effects of Light). Ce réseau a pour but d’intensifier les échanges d’expérience dans le domaine des effets non visuels de la lumière et de la recherche sur le rythme circadien, de fédérer les activités des institutions appartenant au réseau, et de réaliser ensemble des projets de recherche de grande envergure.
Pour les préventeurs, il reste beaucoup à faire : la KAN doit ajuster sa position en fonction des avancées évoquées. Le Comité d’État en charge des lieux de travail discute de la possibilité d’intégrer les effets non visuels de la lumière dans la Règle technique pour les lieux de travail ASR A3.4. Le document d’information de la DGUV, qui décrit le « statu quo », est régulièrement examiné et, le cas échéant, actualisé.
Les débats se poursuivent sur la mission qui revient à la normalisation du point de vue de la SST. On réfléchit par exemple à la possibilité d’intégrer dans les normes des exigences auxquelles doit répondre l’information pour l’utilisation de luminaires. La KAN continuera d’accompagner étroitement la normalisation européenne et internationale et poursuivra le dialogue avec les employés, les employeurs, l’industrie et d’autres parties concernées.
Gerold Soestmeyer Dr. Anna Dammann
beleuchtung@bgrci.de dammann@kan.de